Il y a quelques jours, en lisant deux discussions intéressantes sur Mastodon à propos de l’abandon de Gmail - ce post de Joachim et celui de TeddyTheBest - j’ai eu envie de revenir sur mon propre cheminement, amorcé en 2020, et de partager concrètement les choix que j’ai faits pour sortir de l’écosystème Google.
Sécurité physique, insécurité numérique
En 2020, alors que le monde entier faisait face à une crise sanitaire inédite, une idée m’a frappé : nous investissons dans des alarmes, des serrures multipoints, des caméras pour protéger nos foyers… mais nous laissons les géants du web s’immiscer dans notre intimité numérique sans grande résistance.
Je ne suis ni paranoïaque, ni survivaliste, ni reclus au fond des bois en Auvergne (je n’ai évidemment rien contre les Auvergnats !). Mais je n’aime pas - ou plutôt, je n’aime plus - être surveillé, profilé, analysé, et contraint de me conformer aux règles opaques de multinationales qui dictent leurs conditions, leurs formats, leurs priorités.
Le confinement comme déclencheur
La pandémie et le confinement ont joué un rôle de révélateur. En quelques semaines, le suivi de la population par application mobile est passé du statut d’idée choquante à celui de sujet débattu. Il est devenu clair que des mesures radicales pouvaient être adoptées au nom d’une urgence.
Je me suis alors posé cette question :
“Personne, hormis peut-être les aficionados de la théorie du complot, n’aurait pu imaginer, il y a encore trois mois, que notre société pourrait être mise à l’arrêt et que soient imposées des restrictions massives de déplacement !”
Cette prise de conscience m’a brutalement reconnecté à l’enjeu de la surveillance numérique. Ce n’était plus un débat lointain ou idéologique. C’était concret, personnel, urgent.
C’est à ce moment que j’ai décidé d’entamer une démarche de dégooglisation.
Une transition pas si compliquée
Sortir de Google ne signifie pas renoncer à Internet ou au confort numérique. Cela signifie reprendre le contrôle. Et ce n’est pas si compliqué que cela en a l’air.
Aujourd’hui, j’utilise un serveur personnel basé sur YunoHost, une plateforme d’auto-hébergement libre qui simplifie énormément la mise en place de services alternatifs.
Voici concrètement les choix que j’ai faits :
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Gmail → Roundcube : un client webmail auto-hébergé avec mon propre nom de domaine.
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Google Drive / Contacts / Agenda / Keep → Nextcloud : tout est synchronisé sur mes appareils, chiffré et sous mon contrôle.
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Et bien sûr : aucune exploitation commerciale de mes données, pas de tracking, pas de publicité ciblée.
Et devine quoi ? Je vis très bien sans compte Google.
Est-ce pour tout le monde ?
Oui… et non. Tout le monde n’a pas envie (ou les compétences) de gérer un serveur ou de mettre les mains dans la configuration DNS. Et c’est parfaitement compréhensible.
Mais ce n’est pas une fatalité.
Pour celles et ceux qui souhaitent sortir des GAFAM sans se prendre la tête avec la technique, il existe des solutions clés en main hébergées par des structures éthiques : les CHATONS (Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires). Ce réseau propose des services libres (mail, cloud, messagerie…) opérés par des acteurs engagés, souvent locaux.
Et pour commencer, pas besoin de tout changer d’un coup. Passer à Firefox, tester ProtonMail, utiliser Signal ou Element (Matrix), choisir DuckDuckGo : ce sont déjà des pas importants.
L’essentiel, c’est d’en prendre conscience, puis d’agir - à son rythme.
En résumé
Quitter Google (et plus largement les GAFAM), ce n’est pas renoncer à la modernité. Ce n’est pas un retour à l’âge de pierre numérique.
C’est une reconquête.
Reconquête de sa liberté, de son intimité, de ses outils. Et comme souvent, le plus difficile, c’est de commencer. Mais une fois le premier pas franchi, on ne regarde plus en arrière.